Contrairement à beaucoup d’autres domaines, les entreprises ont une obligation de résultat sur les questions de sécurité. L’établissement du DURP (Document Unique des Risques Professionnels) a été un préalable indispensable à la prise de conscience des entreprises. Cependant, cette évaluation, certes contrainte par la réglementation, doit être une opportunité d’analyser notre environnement de travail. Il est alors important de savoir prendre du recul soit par un regard extérieur ou par un benchmark de pratique similaire. En effet, avec le temps il est parfois difficile de remettre en cause les pratiques.

Garantir un environnement de travail sécurisé

Au-delà du cadre légal qui leur est imposé, de nombreuses entreprises souhaitent également s’engager en faveur du développement durable en mettant en place de bonnes pratiques ou en s’ouvrant à de nouveaux modèles économiques. La RSE, Responsabilité Sociétale de l'Entreprise, suit les principes du développement durable : mettre la croissance économique de l'entreprise au service du progrès social et dans le respect de l'environnement. Les principes du Lean Management peuvent vous aider à structurer une démarche RSE au sein de votre entreprise pour plus de performance.

Les défis et enjeux

La démarche Lean, pour être équilibrée, doit cumuler recherche d’efficience économique, prise en compte des Humains qui sont impliqués dans les processus aux différentes phases de la vie du produit et respect de l’environnement. In fine, il s’agit de cultiver l’essence même du Lean japonais avec la notion basique de chasse aux gaspillages. Et ce de la conception des produits ou des process, jusqu’à leur exploitation voire même leur démantèlement.

Lean & RSE pour une performance globale :

  • Une performance économique sur l’ensemble du flux de valeur.
  • Une performance durable en prenant en compte : l’environnement et la société, l’ensemble du cycle de vie du produit, le long terme et les générations futures.
  • Une performance environnementale qui assure la pérennité de l’entreprise en considérant et en améliorant les effets de son activité.
  • Une performance sociale qui respecte et développe les équipes autour d’une vision et des valeurs partagées.

Les principes clés

Un des préceptes du Lean Management est de permettre à l’ensemble des collaborateurs de se réapproprier son environnement de travail, notamment sur les aspects de sécurité et d’ergonomie.

Pour cela, il existe des outils portés par une philosophie :

  • Le 5S, réalisé par les acteurs du terrain, va permettre de remettre la zone de travail dans un état de sécurité et assurer sa pérennisation.
  • La supervision active (animation quotidienne, tour de terrain, …) permettra d’ancrer les pratiques et entrer dans une phase d’amélioration continue.
  • La formation et l’accompagnement des managers afin de soutenir ces nouvelles pratiques managériales.
  • L’approche ergonomique et la réduction des TMS (Troubles Musculosquelettiques).

Les TMS (Troubles Musculosquelettiques) regroupent un grand nombre de maladies chroniques affectant les muscles, les tendons et les nerfs au niveau des articulations des membres supérieurs (épaules, coudes, poignets-mains), et inférieurs (genoux, chevilles). Ils se caractérisent par des douleurs et des gênes lors des mouvements qui peuvent devenir très handicapants et avoir des répercussions importantes sur la vie professionnelle et privée des personnes atteintes. Certaines de ces pathologies sont reconnues comme maladies professionnelles et peuvent donc faire l'objet d'une indemnisation.

Les TMS sont des pathologies complexes à appréhender car multifactorielles. Il est donc indispensable de traiter ce problème en impliquant différents acteurs de l’entreprise (BE, Méthodes, management, …) mais aussi les principaux intéressés, bien évidemment.

Les phases

Le dépistage

Le Lean, avec la résolution de problème va apporter un début de réponse. Cependant, il existe dans la méthode, un certain nombre d’outils de base, pour comprendre et analyser les problématiques de flux, d’organisation ou de non-qualité (VSM, Analyse de déroulement, Diagramme de Flux, Diagramme Spaghetti, 5S).

Pour l’analyse des postes de travail, il existe notamment trois outils de dépistage :

  • L’Analyse approfondie de la charge physique de travail : Disponible sur le site de l’INRS
  • Grille d’identification de la charge physique (ED 6161 Fev. 2014 – INRS) : Disponible sur le site de l’INRS
  • RULA (Rapid Upper Limb Assessment) : permet l’analyse des angulations articulaires en situation de travail.

L’action

Après un dépistage, la phase d’action devra porter sur les trois axes suivants :

  • Agir sur l’organisation, par une meilleure coordination des flux, du travail et des modes de management.
  • Agir sur la technique en améliorant les postes de travail, les logiciels ou les locaux.
  • Agir sur les Hommes en standardisant le travail, en formant et en améliorant l’implication (le sens).

Les facteurs clés de succès

L’amélioration des conditions de travail est un passage obligé pour gagner en productivité certes, mais aussi et surtout pour conserver des collaborateurs en bonne santé et pleinement actifs dans leur travail. Vouloir opposer une pratique Lean responsable, au quotidien et la santé au travail est un débat stérile qui ne fait que retarder l’action.

Bien au contraire, il est utile et fortement recommandé de bien appréhender l’ensemble des facteurs de risques afin de mieux les analyser et les traiter :

  • Facteurs organisationnels (manque de pauses, temps d’exposition, entraide impossible),
  • Facteurs individuels (âge, genre ou état de santé),
  • Facteurs psychosociaux (intensité et temps de travail, exigences émotionnelles, manque d’autonomie, rapports sociaux dégradés, conflits de valeurs, insécurité de la situation de travail),
  • Facteurs biomécaniques (la répétitivité, les positions articulaires, les efforts et le travail statique),
  • Facteurs aggravants (vibrations, éclairage, température et non maitrise de la cadence).